Saurons-nous, un jour, percer le secret de la salamandre? L'homme pourra-t-il, lui aussi, régénérer tout ou partie de son corps?

La salamandre, symbole de l'immortalité, a été extraordinairement gâtée par la nature: son corps peut s'autorégénérer. Son organisme est capable de recréer des membres tels que ses pattes ou sa queue, voire des portions d'organes comme son oeil ou son coeur. Pourrons-nous un jour faire repousser des tissus humains ou même des organes entiers? Les paralytiques pourront-ils remarcher, et les manchots recouvrer leurs bras? Et, si l'on pousse plus loin, pourrons-nous vivre éternellement?L'apparition de techniques scientifiques ultramodernes, telles que la génomique, la thérapie génique, la biologie cellulaire ou le clonage thérapeutique, laissent penser que la régénération d'une partie du corps humain est désormais chose possible. Ce livre novateur et à la pointe des dernières découvertes fait la synthèse des avancées dans un domaine encore méconnu du grand public, mais qui mobilise ? et fait jubiler ? toute une population de scientifiques et de médecins: la médecine régénératrice (toutes les méthodes qui permettront de "réparer" l'homme).Après "Raisonnable et humain?", le récent succès d'Axel Kahn, le tandem Kahn-Papillon ? le chercheur et le vulgarisateur ? prouve par ce nouvel essai lumineux qu'il est possible d'écrire un livre à la pointe du progrès scientifique et pourtant accessible à tous...

Saurons-nous, un jour, percer le secret de la salamandre? L'homme pourra-t-il, lui aussi, régénérer le plus naturellement possible, tout ou partie de son corps si complexe? C'est, en tout cas, l'avis de plusieurs spécialistes de la régénération. Ils nous invitent au rêve. Le premier d'entre eux se nomme David M. Gardiner, chercheur au département de biologie cellulaire et du développement de l'université de Californie, à Irvine, aux États-Unis. Spécialiste de la régénération ?, il étudie, notamment, les bases moléculaires des processus de régénération des membres ? il nous livre cette vision: "Je suis convaincu que nous pourrons nous aussi, un jour, régénérer un bras ou, du moins, un doigt. J'aimerais voir cela de mon vivant!" Et même si la médecine régénérative n'a guère progressé depuis deux cents ans, les formidables facultés de la salamandre, et d'autres animaux tel que l'hydre, suscitent un formidable engouement scientifique. Les perspectives économiques, tout bonnement mirifiques en cas de succès, n'ont nullement laissé indifférents certains laboratoires pharmaceutiques: la firme Eli Lilly finance, en partie, des études sur les gènes permettant aux amphibiens de se régénérer. En 2002, des investisseurs ont même injecté neuf millions de dollars dans la création d'une société de biotechnologie, Hydra Biosciences, entièrement vouée à la régénération naturelle chez les êtres humains! L'un des fondateurs de la compagnie se nomme Mark T. Keating, médecin, professeur de biologie cellulaire à la prestigieuse école de médecine d'Harvard. Renommé, il fut même élu à l'Académie nationale de médecine américaine en avril 2004. Il est l'un des meilleurs spécialistes de la régénération, auteur d'études, notamment, sur les mécanismes moléculaires de la régénération des organes. Son projet pourrait concrétiser l'espoir d'un grand nombre : "Nous voulons stimuler l'habileté naturelle du corps à régénérer. Les humains détiennent la capacité de régénérer certains types de tissus dans le foie, les muscles et les os."Cependant, avant d'en arriver là, une longue route nous attend. Les enseignements de la nature sont précieux; mais encore faut-il les transposer chez l'homme. Or, malgré quelques ersatz, nous avons perdu l'essentiel de l'aptitude naturelle à régénérer, au profit, en particulier, de la cicatrisation. Il nous faut donc entamer une exploration de nos intimes ressources, afin d'exhumer d'antiques processus. Au commencement s'impose donc cette conviction, partagée par bon nombre d'experts: la régénération partielle d'une partie du corps humain apparaît désormais chose possible. L'épopée, déjà ancienne, connaît un tournant révolutionnaire, grâce à l'apparition de techniques scientifiques ultramodernes, en génétique et en biologie moléculaire. La connaissance des gènes, de leur fonction progressivement déterminée par de nombreux laboratoires de recherche, nous livrent d'insondables secrets sur les aptitudes jusqu'alors méconnues du corps humain à se régénérer. Nous découvrirons, au cours de la seconde partie de cet ouvrage, les avancées majeures qui nous mettent, ces dernières années, sur la piste de la salamandre: génomique, protéomique, thérapie génique, ARN interférent... Une introspection dans l'infiniment petit, à l'échelon des gènes et de leur produit; la recherche, à l'aune de l'évolution, des gènes impliqués dans la régénération qui pourraient encore perdurer chez l'homme, mais dont la fonction aurait été modifiée au fil des millions d'années.À l'échelon supérieur, celui des cellules, sources de toute vie, l'émergence de cellules dotées d'incroyables capacités ouvre d'immenses horizons scientifiques. Nous traiterons, en troisième partie, de la révolution des cellules souches, qu'elles soient embryonnaires ou prélevées sur des personnes (nouveau-nés ou même, parfois, des adultes): elles semblent renfermer le secret de la régénération de tissus, voire d'organes complets. Prométhée annonçait peut-être un prodige, et, à défaut de s'ériger en démiurge, l'homme peut acquérir le pouvoir de renouveler des cellules déficientes: par exemple des neurones, à l'occasion d'affections neuro-dégénératives comme la maladie d'Alzheimer ou celle de Parkinson; ou bien encore des cardiomyocytes au profit de victimes de sévères insuffisances cardiaques. La quête des cellules souches se révèle l'une des plus fascinantes aventures scientifiques de l'humanité. Bien entendu, certaines voies sont plus problématiques que d'autres et, en la matière, toutes celles qui nécessitent la manipulation de l'embryon sont l'objet de débats ardents et difficiles, alimentés par les convictions religieuses, philosophiques et morales de chacun.Le changement de millénaire nous offre donc des perspectives uniques, à travers les mystères peu à peu élucidés de l'ADN, et la connaissance de cellules encore bien difficiles à contrôler, mais pourvues de pouvoirs d'évidence exceptionnels. Quelle part faire entre le mythe et la réalité scientifique, afin de conjurer d'inutiles espoirs? Sur quels termes faut-il compter pour aboutir? Quelles sont les voies les plus prometteuses? Tout n'est point envisageable, bien entendu, mais la science frôle ici l'inimaginable, forte de prodigieux progrès acquis ces vingt ou trente dernières années.Bien entendu, il ne suffit point d'égrener l'étonnant chapelet d'expériences ouvrant autant d'horizons médicaux et thérapeutiques. Il nous faudra bien affronter les chimères les plus fantasques de l'humanité. Les mythes, encore eux, témoignent largement de certaines élucubrations: du Phénix, capable de ressusciter, jusqu'aux monstres rapiécés par le Dr Frankenstein, les millénaires qui nous précèdent regorgent de fables insensées exaltant l'idée d'une "régénération totale". C'est bien là ce qui taraude nombre de nos contemporains: outre quelques tissus ou organes, certes fort précieux, pourrons-nous vivre éternellement? Ne plus mourir, offrir une cure de jouvence perpétuelle à nos cellules? Ou bien, dans le pire des cas, renaître grâce aux promesses du clonage reproductif, tout en bénéficiant ? à en croire les adeptes de la secte Raël ? d'une "transmission de la pensée" d'un corps à l'autre? Ce sera l'ultime objet de notre ouvrage, en quatrième partie. Le clonage, qu'il soit reproductif ou se réclamant d'une finalité thérapeutique, continue d'exercer une profonde fascination. Nous en avions longuement et exclusivement traité dans le premier livre qui nous avait réunis, "Copies Conformes ? Le clonage en question". En sept années, de nombreux événements sont survenus, qui ont confirmé ce que nous pressentions à l'époque. La brebis Dolly est morte, emportant avec elle quelques secrets, et bien des questions: a-t-elle vieilli prématurément? Pourquoi, malgré l'amélioration des techniques, le clonage reproductif reste-t-il grevé d'un tel taux d'échecs? Comment expliquer que les biologistes s'échinent vainement à cloner certaines espèces rétives? Dans le même temps, les tenants du clonage humain se sont fait largement connaître, des plus extravagants aux plus sérieux, tels certains spécialistes de la reproduction, en Italie comme aux États-Unis ou en Israël. Des embryons humains ont même été clonés; ce qui, techniquement, paraissait une perspective encore lointaine lorsque nous publiions notre premier ouvrage. Plus inquiétant peut-être: les mentalités ont fortement évolué, et, selon nous, nullement dans le bon sens. L'inévitable, comme nous le craignions déjà, se produira-t-il? Nos réserves éthiques demeurent plus que jamais intactes, et le législateur, dans bien des pays, continue d'édifier des murailles légales pour se prémunir contre la tentation de cloner un être humain. Cela suffira-t-il à l'empêcher?Dans la perspective de notre ouvrage, et de la quête de régénération, se pose une question lancinante : le clonage reproductif humain revient-il vraiment à nous régénérer totalement? Pourrons-nous revivre, d'une manière ou d'une autre, grâce à cette technique dont certains promettent monts et merveilles? Les progrès accumulés ces dernières années, depuis Dolly, nous conduisent-ils vers cet eldorado? Nous tenterons d'éclaircir le débat, fort des nombreuses évolutions survenues depuis 1998, tout en distinguant le clonage reproductif du clonage à finalités scientifiques et thérapeutiques qui, certes, recourent tous deux à la même technique fondamentale ? ce qui pose problème en soi ? mais ne convoitent point les mêmes desseins. Les questions soulevées sont nombreuses, d'ordre scientifique autant qu'éthique. L'amas cellulaire obtenu par la technique du clonage doit-il être considéré comme un embryon humain? Au fond, quel statut reconnaître à cet être en puissance qui constitue un authentique embryon? Est-il légitime de le produire dans le seul but de se procurer des cellules pour la recherche, fût-elle à finalité médicale? Les perspectives thérapeutiques sont-elles réelles? Comment se procurer les masses d'ovules nécessaires à la mise en oeuvre de ces techniques? Autant d'interrogations et d'enjeux que nous discuterons en dernière partie de cet ouvrage, aux côtés du récit le plus actualisé possible des dernières avancées en la matière.Finalement, le lecteur découvrira, au fil d'une exploration que nous avons voulue aussi exhaustive que possible, les moyens qui s'offrent à nous ? et s'offriront demain ? afin de percer le secret de la salamandre, et de tous ses congénères dotés de fascinantes capacités régénératives... Aptitudes que l'évolution n'a point cru bon de nous léguer en héritage.